Parmi les meubles les plus raffinés du XVIIIᵉ siècle, le bonheur-du-jour occupe une place à part. Élégant, pratique et emblématique du raffinement de l’époque Louis XV et Louis XVI, ce bureau féminin se distingue par son caractère intime et précieux.
Une naissance sous le signe de l’élégance
Le bonheur-du-jour apparaît vers 1760, en pleine période rococo, sous le règne de Louis XV. Ce meuble léger et raffiné est conçu pour répondre aux besoins des dames de la haute société, qui cherchent un espace personnel où écrire, lire ou ranger des objets précieux. Contrairement aux bureaux massifs et austères, il incarne la grâce et la finesse du mobilier d’époque, inspiré des arts décoratifs en vogue.
Un meuble pensé pour les femmes
Le bonheur-du-jour est spécifiquement conçu pour les occupations féminines du XVIIIᵉ siècle. Il sert principalement de petit bureau d’écriture, où l’on rédige correspondances et pensées intimes. Il est aussi utilisé comme coiffeuse ou meuble à secrets, permettant d’y ranger lettres confidentielles, flacons de parfum et bijoux. Son format compact s’intègre parfaitement aux boudoirs et salons privés, reflétant ainsi la place croissante des femmes dans la vie intellectuelle et sociale de l’époque.
Une structure caractéristique et raffinée
Le bonheur-du-jour se compose généralement de deux parties distinctes :
- Un plateau principal, souvent orné de cuir ou de marqueterie, qui sert de surface d’écriture.
- Un gradin supérieur, comportant de petits tiroirs et niches, parfois dissimulés derrière des portes coulissantes ou abattants.
Ce meuble repose sur des pieds fins et galbés, dans le style Louis XV, ou sur des pieds fuselés et cannelés, typiques du Louis XVI. La légèreté de sa structure en fait un meuble à la fois pratique et décoratif, contrastant avec les bureaux imposants des hommes de l’époque.
Des matériaux et ornements précieux
Les ébénistes du XVIIIᵉ siècle rivalisent d’ingéniosité pour faire du bonheur-du-jour une pièce d’exception. Ils utilisent des bois rares comme le palissandre, l’acajou, l’amarante ou le bois de rose, sublimés par des marqueteries florales ou des incrustations en nacre et en ivoire. Les bronzes dorés viennent souligner la finesse des lignes, tandis que les abattants se parent parfois de cuir doré au petit fer, témoignant du luxe de ces meubles.
L’évolution du bonheur-du-jour au XIXᵉ siècle
Avec l’arrivée du style Empire et Napoléon III, le bonheur-du-jour se transforme. Il adopte des formes plus rigides, des lignes droites et un décor plus sobre, souvent marqué par des colonnes et des ornements en bronze ciselé. Sous Napoléon III, il connaît un regain d’intérêt, notamment avec des versions en bois noirci et incrusté de nacre, inspirées du style Boulle. Son usage devient plus varié, servant parfois de table d’appoint ou de meuble de travail plus fonctionnel.
Un meuble de collection convoité
Aujourd’hui, le bonheur-du-jour est une pièce recherchée par les collectionneurs et les amateurs de mobilier ancien. Son raffinement, son histoire et sa rareté en font un meuble de grande valeur sur le marché de l’antiquité. Les modèles du XVIIIᵉ siècle signés par des maîtres ébénistes comme Jean-François Oeben, Martin Carlin ou Riesener atteignent des prix élevés dans les ventes aux enchères. L’état de conservation, l’authenticité des matériaux et la qualité des marqueteries sont des critères essentiels pour en estimer la valeur.
Comment bien choisir un bonheur-du-jour ancien ?
L’achat d’un bonheur-du-jour nécessite une expertise attentive. Voici quelques points clés à vérifier :
- L’authenticité du meuble : un bonheur-du-jour d’époque XVIIIᵉ est souvent réalisé en bois massif avec des assemblages de qualité (queues d’aronde, chevilles en bois).
- La présence de marqueterie et de bronzes d’origine
- L’état du cuir du plateau : Il doit être bien patiné
- Les tiroirs et mécanismes secrets : beaucoup de bonheurs-du-jour comportent des compartiments cachés, typiques du travail des grands ébénistes.
Un meuble intemporel qui séduit encore aujourd’hui
Le bonheur-du-jour traverse les siècles sans perdre de son charme. Que ce soit pour son aspect esthétique, son histoire ou sa fonctionnalité, il demeure un meuble apprécié des amateurs d’art et des décorateurs. Sa place dans un intérieur contemporain est tout à fait possible, en tant que petit bureau d’appoint ou meuble décoratif dans un salon raffiné. Il rappelle ainsi une époque où l’élégance et l’art du mobilier atteignaient leur apogée.